Violence conjugale
La violence conjugale c’est :
Une prise de contrôle, exercée par un conjoint, dans un couple, dans le but de dominer sa partenaire et d’imposer son pouvoir sur elle.
La prise de contrôle peut se manifester par différents moyens ou différentes stratégies, utilisées par l’agresseur.
La violence peut se vivre dans une relation amoureuse, amicale, familiale ou après une séparation de couple.
Cycle et formes de violence
La violence conjugale est exercée par un conjoint qui prend le contrôle sur sa partenaire en utilisant différents moyens. Ce contrôle s’inscrit dans un cycle comportant 4 étapes, qui se reproduit encore et encore.
Tension
Le climat de tension est le moment où vous savez que ça risque de mal aller. Vous essayez de tout faire pour plaire, pour éviter l’agression. Vous avez l’impression de marcher sur des œufs. Chez la victime, cette étape crée de l’anxiété, vous pouvez avoir l’impression d’avoir une boule dans le ventre, mais sans que vous ne sachiez comment vous l’expliquer.
Agression
L’agression se présente sous l’une des 5 formes de violence (Physique, économique, verbale, sexuelle et psychologique). Elle peut créer en vous de la colère, un sentiment d’outrage, de honte, de la peine, le sentiment d’être humiliée par son partenaire.
Justification
Pour se déresponsabiliser, l’agresseur va expliquer son comportement violent en responsabilisant son environnement ou la victime elle-même. Par exemple, vous êtes trop sensible, il avait trop bu, c’est ce qu’il a toujours vécu, son père le battait, c’est vous qui avez mal compris, vous vous inventez des histoires, vous n’êtes pas une bonne mère, etc.
Lune de miel
C’est le moment où ça se passe bien, où la tension semble être disparue. Vous retrouvez celui dont vous êtes tombée amoureuse : c’est comme à vos débuts, il est gentil, attentionné, vous promet de belles choses, des changements. L’espoir revient, vous espérez vraiment qu’il va changer et tenir ses promesses.
Les formes de violence
Physique
Donner des coups de poing ou de pieds, frapper, gifler, bousculer, étrangler, restreindre dans un coin, lancer ou détruire des objets, cracher, faire des menaces de mort.
Verbale
Hurler, crier, sacrer après l’autre, insulter, dire des choses méchantes/blessantes, faire des menaces, donner des ordres, cyberintimidation, critiquer tout ce que l’autre dit ou fait.
Psychologique
Jalousie possessive, bouder dans le but de punir, rejeter, isoler des amis ou de la famille, attitudes ou propos méprisants, ignorer, harcèlement, regards ou gestes menaçants, être sous tension, chantage.
Économique
Empêcher ou obliger de travailler, voler l’argent, obliger à payer les dettes, contrôler les dépenses, menacer d’être privée d’argent ou de biens, amener l’autre à s’endetter, critiquer les achats dans le but de contrôler, emprunter de l’argent sans intention de le remettre.
Sexuelle
Propos obscènes, bouder ou exercer une pression dans le but d’obtenir des faveurs sexuelles, abstinence (dans le but de punir), attouchements, agressions, relations sexuelles forcées, viol, obliger l’autre à utiliser du matériel pornographique (de façon malsaine ou avec pression), dénigrement du corps, obliger l’autre à avoir des relations sexuelles avec une autre personne pour de l’argent ou autre.
Différences entre violence conjugale et chicane de couple
Une chicane de couple c’est quoi ?
- Deux partenaires qui argumentent et qui désirent que leur opinion l’emporte sur celle de l’autre.
- Peut inclure de la colère et de l’agressivité, mais pas de gestes violents.
- Aucun des partenaires ne craint l’autre, ni les conséquences en exprimant son point de vue, chacun se sent libre de le faire.
- Ce n’est pas toujours la même personne qui déclenche la chicane, parfois c’est l’un, parfois c’est l’autre.
Et dans une relation de violence conjugale ?
- Le but est de dominer l’autre, les différentes formes de violence sont utilisées en ce sens.
- L’agresseur désire soumettre sa victime, et non remporter un désaccord.
- La victime ne se sentira pas libre de ses réactions, puisqu’elle craindra les conséquences qui pourraient s’en suivre.
- C’est toujours le même partenaire qui agresse, et la même qui est la victime, peu importe la situation.
Violence post-séparation
Mettre fin à une relation de violence n’implique pas toujours la fin de la violence malheureusement. La rupture (ou son annonce) peut amener une escalade de la violence, puisque l’agresseur sent que sa victime tente de reprendre du pouvoir sur sa vie.
La séparation est souvent un moment critique où l’agresseur utilisera de multiples stratégies, passant de la lune de miel à l’agression très rapidement, dans le but de reprendre du contrôle sur son ex-partenaire. La violence peut débuter après la séparation, être la même que durant la relation ou encore augmenter en intensité suite à la séparation.
Pensez-vous avoir besoin d’aide ?
Votre ex vous critique dans votre rôle de mère
Vous vous sentez stressée parce que vous ne savez jamais ce qui va déclencher sa colère
Il menace d’appeler la DPJ afin que vous perdiez les enfants
Il vous accuse d’avoir un nouvel amoureux
Il vous texte ou vous téléphone sans arrêt
Il vous laisse des messages haineux, intimidants, menaçants
Il fait des menaces de mort
Il vous fait pleurer
Il doit avoir le dernier mot
Il ne paie rien concernant les besoins des enfants ou de pension alimentaire
Il vous accuse de l’avoir trompé
Il vous bloque l’accès de la sortie
Il vous intimide physiquement
Il vous fait subir un interrogatoire
Il fait des commentaires dégradants sur votre apparence
Il vous menace de publier des photos (compromettantes ou intimes) de vous
Vous avez peur pour vous et vos enfants
Vous avez peur pendant l’échange des enfants
Si vous avez reconnu dans cette liste le reflet de certaines situations vécues et que vous vous sentez triste, confuse, inquiète ou en colère, il peut être utile de vous rappeler que VOUS N’ÊTES PAS SEULE. Vous êtes en compagnie de millions d’autres femmes, car la violence est un problème social. Appelez-nous, nous sommes là pour vous!
Mythes et réalités
Réalité : La seule personne qui peut changer ses comportements violents, c’est la personne elle-même. Malgré toute notre volonté et tout notre amour, nous ne pouvons faire de changements à la place de l’autre.
Réalité : Les femmes victimes de violences restent avec leur conjoint car elles l’aiment, croient qu’il va changer et elles ont peur. Elles sont prises dans le cycle de la violence.
Réalité : La violence dans les relations amoureuses est due à l’envie d’un partenaire d’imposer son pouvoir et de contrôler sa partenaire. C’est donc une PRISE de contrôle.
Réalité : La violence conjugale comporte 5 formes, soit la violence physique, psychologique, verbale, économique et sexuelle. Les différentes formes peuvent toutes être présentes dans une relation, ou seulement quelques-unes.
Réalité : Rien ne peut justifier les comportements violents d’une personne. La violence est un choix que la personne fait. En comparaison, devenez-vous violente quand vous prenez un verre ?
Réalité : Les victimes peuvent rester dans le silence longtemps parce qu’elles ressentent de la honte, de la peur et de la culpabilité. Elles peuvent aussi vouloir chercher à protéger leur partenaire, puisqu’elles l’aiment et ont l’espoir qu’il change.
Réalité : « As-tu vu comment elle était habillée ? Elle l’a un peu cherché ! », « elle n’aurait jamais dû marcher seule si tard le soir », « elle n’arrêtait pas de jouer à la séductrice avec lui, elle devait s’attendre à ce qu’il ait des attentes et s’impatiente » : Ce ne sont que quelques exemples des propos culpabilisants que l’on entend trop souvent au sein de la société. De telles affirmations font porter aux victimes un lourd fardeau qui ne leur appartient aucunement, tandis qu’elles déresponsabilisent l’agresseur.
Réalité : 8 fois sur 10, l’agresseur est connu de la victime, cette proportion étant plus élevée pour les jeunes de moins de 18 ans (85%) que pour les adultes (68%). 39% des agressions sexuelles sont commises dans un domicile que la victime partage avec l’agresseur, 16% au domicile de la victime, 22% au domicile de l’agresseur, 6.3% dans un lieu public ou à l’école, 4% au travail et 1.4% dans les transports.
Référence : https://www.inspq.qc.ca/agression-sexuelle/statistiques
Réalité : L’absence d’un «non» n’équivaut pas à un «oui». Le Code criminel canadien stipule que, pour qu’il y ait consentement, la personne doit manifester son accord par des paroles ou des gestes. En ce sens, «l’absence de résistance n’équivaut pas à un consentement». De plus, le consentement est un accord qui se doit d’être volontaire, libre et éclairé. Or, dans plusieurs cas d’agression
sexuelle, la victime peut être contrainte par la peur de subir des représailles, de briser la famille, de subir de la violence physique, de mourir, etc. Une victime peut également se trouver dans un contexte qui l’empêche de consentir.
Réalité : La violence conjugale est une problématique sociale qui entraîne de nombreuses conséquences sur la santé publique. Elle prend racine dans les rapports inégalitaires entre les hommes et les femmes. La promotion de l’égalité comme valeur fondamentale est donc primordiale.
Quoi faire pour aider une victime de violence conjugale?
- L’écouter sans jugement
- Lui dire qu’on la croit et lui faire sentir
- Normaliser ses sentiments et ressentis
- Respecter son rythme, ne pas lui mettre de pression
- Ne pas lui imposer votre vision de sa situation, mais plutôt l’amener à ce qu’elle en prenne conscience par elle-même (lui proposer dépliants, ligne téléphonique, tests en ligne)
- Lui faire sentir qu’on est présents pour elle, maintenir le lien avec elle-même si l’agresseur veut l’isoler
- Ne pas confronter son conjoint, cela pourrait la mettre encore plus en danger